Plutôt étonnant, cette journée consacrée à un toast ! Retour en arrière.
Tout commence avec une chanteuse d'opéra née en Australie : Helen Porter Mitchell, de son nom d'artiste : Melba (dérivé de Melbourne). En guerre permanente avec son poids, elle fut heureusement soutenue par Auguste Escoffier, cuisinier légendaire. Pour soutenir Melba dans sa lutte contre l'obésité, Escoffier imagine alors un toast fin et croustillant. Et il a 'porté ce toast’ à Melba pour la première fois le 23 mars 1897. L’histoire ne dit pas si le toast a contribué au succès de la carrière de Melba Toujours est-il qu’à son décès, survenu en 1931, celle qui fit ses débuts internationaux au Théâtre de La Monnaie à Bruxelles, avait connu la gloire. Son portrait orne d’ailleurs le billet de 100 dollars australiens.
Le cuisinier français a donc nommé sa création Melba en référence à la cantatrice. Escoffier lui-même était aussi une gloire dans son métier. On lui doit de nombreuses créations culinaires de même qu’un livre de 5000 recettes. Son génie fait de lui le 'roi des cuisiniers'.
Cette année, le toast Melba fête ses 121 ans. Escoffier a donc inventé un très bon produit. Mais ce qui frappe aujourd’hui, c'est que le nom ’Melba’ est commercialisé par plusieurs producteurs. Escoffier s'est-il trompé ?
S’il avait enregistré la marque ‘Melba toast’ - avec la permission de Helen Porter Mitchell, alias Melba, bien sûr -, ses héritiers en auraient toujours le droit exclusif à ce jour. Une personnalité peut en effet contester l'utilisation de son nom à des fins commerciales.
Escoffier meurt en 1935, mais le produit n'a été mis sur le marché que 6 ans après et le plus ancien enregistrement de marque connu en Europe remonte à 1959, actuellement au nom de Nestlé. Nestlé est ainsi le propriétaire légitime de la marque dans l'UE et en Suisse.
Les images ci-dessus montrent clairement que plusieurs fabricants commercialisent des toasts sous le nom de Melba. Mais cela ne signifie pas qu'ils peuvent utiliser librement le nom Melba toast. Il est possible que ces fabricants utilisent le nom sur la base d'un accord de licence avec le propriétaire du nom. Une recherche approfondie permettrait d’éclaircir ce point précis.
Visiblement, le génie d'Escoffier ne résidait pas dans son sens des affaires : une chose qui manque souvent aux créatifs. Toujours est-il qu’il a raté la chance d'obtenir la marque le premier.
On rappellera qu’Escoffier est aussi le créateur de la ‘Pêche Melba’, également nommée en l’honneur de la cantatrice.
